L'ozone troposphérique ou ''mauvais ozone'' est quant à lui engendré par la pollution près de la surface de la terre. Il est formé par une réaction chimique impliquant le dioxyde d'azote avec l'oxygène de l'air en présence de lumière. Or, pour former du dioxyde d'azote (NO2), il faut du monoxyde d'azote (NO) directement rejeté par les automobiles, combiné à des composés organiques volatils (COV) provenant principalement des industries. On l'appelle donc polluant secondaire parce qu'il est produit lorsque deux polluants primaires réagissent ensemble.
Les pics d'ozone se produisent donc toujours en cours d'après-midi, selon le même cycle diurne que celui de la température : minimum vers 8h et maximum vers 17h.
L'ozone étant un oxydant puissant, il altère les fonctions cellulaires aux points d'impact que constituent les muqueuses (oculaires et pulmonaires en particulier) et perturbe, dans certaines conditions, la fonction respiratoire non seulement chez les asthmatiques, mais chez les adultes sains et les enfants. Des études ont montré qu'il peut entraîner une irritation des yeux et des voies aériennes supérieures, provoquant toux et maux de tête. Malheuresement, la pollution par l'ozone augmente régulièrement depuis le début du siècle dans l'atmosphère de l'hémisphère nord et nos régions sont couramment soumises en été à des pointes de pollution par l'ozone, en milieu urbain et rural.
La France connaît actuellement une période caniculaire, caractérisée par un fort ensoleillement et une grande stabilité atmosphérique. Résultat : le niveau de ce polluant est élevé ! Dans les Alpes-de-Haute-Provence notamment, le niveau de pollution par l'ozone a une nouvelle fois dépassé lundi le seuil d'information de la population, qui est fixé à 180 microgrammes par m3 d'air ambiant en moyenne sur une heure, a indiqué l'association locale de surveillance de la qualité de l'air Qualitair, dans un communiqué.
Pour Nelly OLIN, la Ministre de l'écologie et du développement durable, l'action en vue d'améliorer la qualité de l'air doit être poursuivie et intensifiée. Ceci est d'autant plus important que les conséquences tant sanitaires qu'écologiques de la pollution sont connues et de mieux en mieux documentées, estime-t-elle.
Elle appelle dès à présent les citoyens à recourir aux transports en commun à chaque fois que c'est possible, et à suivre les mesures de limitation de vitesse mises en place par les préfectures lors des déplacements indispensables. Ces mesures sont en effet particulièrement efficaces sur les émissions d'oxydes d'azote.
Les recommandations du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France rappellent également que les personnes pouvant présenter une sensibilité particulière à la pollution : jeunes enfants, personnes âgées, personnes asthmatiques ou allergiques, insuffisants cardiaques ou respiratoires chroniques sont invitées à reporter toute activité physique et sportive intense et à privilégier des activités calmes.
Le Programme de Surveillance Air et Santé coordonné par l'InVS, a publié, le 5 juillet dernier, dans la revue scientifique internationale « Environmental Health Perspectives » un article* présentant l'analyse des effets de la pollution atmosphérique photo-chimique pendant la vague de chaleur de l'été 2003 dans neuf villes françaises (Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse). Résultat, entre le 3 et le 17 août 2003, la pollution à l'ozone a directement tué 379 personnes supplémentaires à Bordeaux, le Havre, Lille, Lyon Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse. Les auteurs précisent toutefois que les résultats diffèrent selon les villes. À Strasbourg et Toulouse par exemple, l'ozone a joué un rôle majeur dans la mort de 75% des personnes, alors qu'à Lyon ou Paris, c'est surtout la forte température qui a tué. Selon les auteurs, ces résultats dépendent des niveaux atteints dans chaque ville par les deux facteurs étudiés mais également des risques estimés localement. Par ailleurs, il semble que l'effet des températures sur la mortalité persiste entre 2 et 3 jours.Ces résultats confirment l'importance non négligeable des effets de la pollution atmosphérique photo-chimique rencontrée en milieu urbain en termes de santé publique, indique l'InVS.
La barre des quarante degrés devrait être franchie d'ici la fin de la semaine dans plusieurs régions, notamment le sud-est de la France. Météo-France a étendu à l'Aude et à l'Hérault son bulletin d'alerte orange à la canicule. Déjà en vigueur dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse, l'alerte court jusqu'à jeudi six heures du matin. S'ajoutant à la problématique de la pollution de l'air, ces fortes chaleurs s'accompagnent d'un risque sanitaire croissant de jour en jour notamment pour les personnes âgées, les handicapés ou les personnes isolées. Météo France conseille de fermer volets, rideaux et fenêtres le jour, de se passer de l'eau sur le corps plusieurs fois par jour, de boire au moins 1,5 litre d'eau et de rendre visite aux personnes âgées ou isolées deux fois par jour.
Dans l'UE, il est estimé que la pollution atmosphérique, avec les particules fines et l'ozone troposphérique notamment, cause la mort prématurée de 360.000 personnes par an.
*http://www.ehponline.org/members/2006/8328/8328.pdf